Les mains de ma grand-mère m’ont toujours fascinée. Elles savent tant faire : traire, coudre, jardiner, cuisiner, tricoter, plumer les poulets, crocheter, écrire, coiffer… Elles savent tant faire qu’elles portent aujourd’hui la trace de tout le travail accompli. Cet été, Mémé a sorti un carton de dentelles, gants, napperons, cols, tout un tas de menus travaux qui ont nécessité tant de temps, de patience, de minutie et de dextérité que le contraste avec ses mains tortueuses m’a frappée. J’ai décidé de prendre en photo ces mains encore habiles mais plus lentes, désormais, ces mains qui brassent cette dentelle si délicate. Et puis j’ai vu, au Monastère de Brou, la série de photographies des mains de Louise Bourgeois, dont je trouve juste une image sur ce blog-là. Des mains d’artiste, tortueuses elles-aussi, des mains qui ont créé et qui ont sûrement fait souffrir l’artiste, à ce moment-là. Mains d’artiste, mains de paysanne, ce sont simplement des mains de femme qui racontent leur vie. Et j’aime ces histoires.